Le porche mamlouk

« Pseudo-cloître » ou « porte arabe » : cette formule laconique sur la mauvaise copie d’un croquis du XIXe siècle ne laissait pas pressentir une découverte majeure, alors que se mettait en place le projet architectural et muséographique dédié aux arts de l’Islam au musée du Louvre. Pourtant, l’histoire débute en 1889, avec l’Exposition universelle à Paris qui accueille un projet spectaculaire : la reconstitution en plein Paris d’une « rue du Caire ». Le porche mamelouk du XVe siècle en était partie prenante. Amené pierre par pierre (cinq tonnes) en France depuis le port d’Alexandrie, alors que la rue fut entièrement créée, le porche, d’une hauteur de quatre mètres, ne put être remonté en raison de la complexité technique du projet, et demeura dans l’ombre jusqu’à nos jours. En 2004, le musée des Arts décoratifs consent au Louvre un précieux dépôt : sa collection d’œuvres d’art de l’Islam. Après recherche, il a été possible d’établir que ce porche est issu de la résidence cairote d’un émir mamelouk du XVe siècle. Le Caire, capitale du pouvoir mamelouk, s’est couvert durant leur 267 ans de règne, de 1250 à 1517, de plus de 2000 monuments de prestige. Leur domination marque un âge d’or pour le Caire qui est alors l’une des plus grandes villes du monde et la plus importante du monde de l’Islam qui s’étend du Maroc à l’Inde. La passionnante enquête à laquelle nous convie l’auteur fait émerger des moments cruciaux de l’histoire du Caire au XIXe siècle qui, sous un vent de travaux urbains et d’éventrements d’axes anciens se transforme en un Paris oriental. Cet ouvrage raconte la restauration et le remontage titanesque d’un puzzle de 5 tonnes de pierres, et de la reconstitution du porche dans les nouveaux espaces du département des Arts de l’Islam du Louvre.