Autoportrait

Né en 1965, Edouard Levé est avant tout connu comme artiste, et ensuite comme écrivain. Cette dichotomie est fâcheuse en ce sens qu´elle cloisonne des domaines qui chez lui ne sont pas étanches : l´image et l´écriture, ou encore la mise en scène de la photographie que pratique Edouard Levé et son travail sur l´écriture proprement dite. Ici, on a affaire à un autoportrait, genre initialement pictural puis littéraire (distinct cependant de l´autobiographie, plus narrative et événementielle), que l´auteur réalise en suivant un principe fixe : l´ellipse, le surgissement de propositions (esthétiques, physiques, psychologiques, politiques, sociales, sentimentales, existentielles, etc.) déconnectées les unes des autres et scintillant d´une lumière pâle, très neutre. Barthes parlait d´ "asyndète généralisée" pour caractériser l´ellipse et l´ambiguïté du sens chez Flaubert. Il y a de cela ici, mais sur un mode "a-lyrique" très contemporain, expurgé de tout excès d´affects. Au fait, la vie d´Edouard Levé est-elle "intéressante" ? Son écriture, traduisant cette vie en effets de vie, la rend en tout cas assez captivante, puisque c´est elle qui donne style, forme et vision aux " confessions" de cet artiste parisien d´aujourd´hui.