La sphère et l´intervalle: le schème de l´harmonie dans la pensée

La sphère et l´intervalle: le schème de l´harmonie dans la pensée
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A une époque où disparaît la philosophie, l´urgence se fait sentir d´en explorer les limites, non pour la ressusciter, mais pour comprendre ce qui a été possible sans elle et avant elle.
Plutôt que de s´épuiser à reconstituer un corpus à jamais fragmentaire, à jamais dépendant du dernier papyrus découvert, on choisit dans cet ouvrage d´explorer, dans une langue parlée avant l´avènement des philosophes, la récurrence de certains mots que nous traduisons aujourd´hui par " infini ", " limite ", " un ", " multiple ". En examinant ces termes en amont de la philosophie, en les replongeant dans le terreau de la langue parlée par les " poètes ", on découvre qu´ils prennent sens dans un ensemble d´images qui structure la réflexion et l´expérience des anciens Grecs et constitue ce qu´on peut appeler un schématisme.
Or, le schème qui opère dans tous les domaines, de l´art du charpentier à celui de l´aède, de la physiologie à la cosmologie est celui de l´harmonie. En traquant le schème de l´harmonie à travers la philologie, l´histoire des sciences et des techniques comme la musique, la physiologie ou l´astronomie, l´ouvrage retrace le cheminement souvent non linéaire qui conduit du schème homérique de l´harmonie, à ses modification ; chez les auteurs tels qu´Héraclite, Empédocle, Parménide, Zénon, ou les Pythagoriciens.
Abordé dans la perspective d´une anthropologie de la technique, chacun des auteurs examinés illustre une manière de fabriquer une balle qui concrétise sa démarche. On découvre ainsi que dans le premier schème de l´harmonie matérialisée par le cercle rabouté et la sphère, le mot " infini " désigne la circularité parfaite, alors que quelques siècles plus tard le même mot sert à désigner l´Intervalle des relatifs quand harmoniser revient à unifier.
Les représentations éthiques sous-jacentes aux épistémologies de l´harmonie sont ainsi mises en lumière : l´auteur montre que si chez Homère, l´harmonie, en opérant au moyen de la cheville ou de l´agrafe, a pour effet de préserver le multiple dans ses manifestations singulières, il n´en est plus de même à l´aube du Ve siècle où le multiple se voit réduit à la différence comparative, dans une harmonie de la proportion d´où il devint à jamais impossible de penser la diversité sans l´assimiler au risque de désordre.
Au fil de cette étude, le lecteur est amené à comprendre les enjeux réels de la question de l´harmonie, abordée pour la première fois comme la question des limites de la philosophie.